2.2 Un premier bilan de la croissance dans les Tropiques

L’inégalité de la richesse entre les pays est loin d’être une anecdote qu’on doit expliquer par des périodes de transition. En 1990, les 20%  les plus riches dans la population mondiale ont reçu 92%  du portefeuille de flux entrants de capitaux et les 20%  les plus pauvres, seulement 0.1%.  Les premiers ont aussi reçu 79%  de l’investissement direct étranger (IDE) tandis que les derniers ont attiré seulement 0.7%  des mêmes investissement. Globalement, les 20%  les plus riches ont reçu 88%  des flux entrant privé de capital tandis que les 20%  les plus pauvres ont reçu 1%  de ces mêmes flux.

Les travaux empiriques (dont celui de Paul Romer en 1987 - NBER) montrent que les pays pauvres sont loin de rattraper les pays riches. Bien au contraire, leur retard s’est fortement accru depuis 1981 (la dernière des bonnes années pour la majorité des pays en développement) [Figure 3.1, page 61].

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En effet, en utilisant l’idée selon la quelle, il y a deux siècles tous les pays actuels étaient proches du seuil de susbsistance, (Pritchett 1997) montre que l’écart entre les plus pauvres et les plus riches a forcément augmenté pendant ces deux siècles [Figure 3.2, page 63, sur la période 1820-1992]. Le rattrapage est loin d’être la règle ! Pourquoi a-t-on, alors tendance à souvent penser le contraire ? Tout simplement parce que les statistiques les plus longues concernent les pays qui se sont les premiers enrichis et cela ont nécessairement convergé (d’où la critique de la fameuse article de Baumol par Bradford de Long).

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(Mankiw, Romer & Weil 1992) cherche alors de compenser les faiblesses du modèle de Solow en lui intégrant l’éducation des travailleurs (l’investissement en capital humain). Cela pourrait compenser la contrainte imposée par le volume et la qualité de la main d’oeuvre et soulager ainsi les rendements décroissants. Est-ce l’éducation la panacée ?