4 Le coupable idéal : la pression démographique (Ch 5)

Et si le contrôle de la croissance démographique était la vraie réponse ?

Même si le taux de croissance démographique a baissée, la peur de l’explosion de population reste très vivace.

Premièrement, il faut éliminer rapidement le mythe des naissances non-désirées : les travaux empiriques montrent que 90%  des différences entre les pays est dû aux naissances désirées. L’insuffisance de contraception ne semble pas être la raison principale de l’augmentation des populations.

Ensuite, si la pression démographique est le coupable principal de l’absence de croissance, on devrait observer une corrélation négative systématique entre la croissance de la population et celle du PIB/tête. Mais il n’y a pas de résultat empirique qui confirme un effet dans ce sens (ou dans le sens contraire). Au contraire, plusieurs faits biens connus indiquent une absence d’effet [Fig 5.1, page 93] :

PIC

En effet, les théories qui établissent une relation négative entre les deux croissance supposent implicitement les membres additionnels de la population ont une productivité nulle ; ce qui est largement abusif comme hypothèse...

La seule régularité statistique qu’on observe à ce propos va dans le sens inverse : un PIB/tête plus élevé implique une natalité plus faible. On pourrait imaginer que l’intervention du capital humain conduise les pays riches vers un cercle vertueux : il est intéressant de faire peu d’enfants mais d’investir beaucoup sur chacun d’eux, ce qui conduit à des qualifications plus importantes et donc à des incitations à faire peu d’enfants et d’investir beaucoup sur chacun. Au contraire, les pays pauvres se trouveraient alors dans un cercle vicieux où le rendement attendu faible des qualifications implique un faible investissement sur l’éducation, ce qui renforce alors le rendement faible initial. Il faut alors faire plus d’enfants pour compenser. Cette analyse un peu trop beckerienne doit probablement être complétée par des mécanismes plus particuliers. Cette dichotomie correspondrait alors à celle qui existe entre la croissance intensive où chacun des ouvriers (moins nombreux) est utilisé plus intensivement et il obtient un niveau de vie croissant et la croissance extensive où la croissance de la main d’oeuvre utilisée suit la croissance de la production sans que cela implique une amélioration des niveaux de vie. Robert Lucas argumente que c’est le rendement attendu du capital humain qui détermine le passage du régime extensif vers le régime intensif, suite au développement technologique. Cela n’explique pas bien sûr pourquoi cette transition de régime n’a pas eu lieu partout, du fait du progrès technique mondial.