LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE DANS LES THÉORIES
D’ADAM SMITH, DE DAVID RICARDO ET DE THOMAS ROBERT MALTHUS

Catherine Gouttefarde
Licence APE - 1999

 

 

 

 

 

PLAN DU DOSSIER

INTRODUCTION

I. PRÉSENTATION DES TROIS AUTEURS

1. Adam Smith (1723-1790) : un père de l’économie politique

* Une vie consacrée à la théorie

* La pensée d’Adam Smith

2. David Ricardo (1772-1823) : le logicien de l’économie classique

* Un théoricien spöculatif doublé d’un gestionnaire avisé

* La pensée de Ricardo

3. Thomas Robert Malthus

* Pasteur, moraliste et économiste classique 

* Les idées fondamentales de Malthus

 

II. Les stimulants de la croissance économique

1. Adam Smith : le rôle du travail et celui du capital

è Le travail est le véritable déterminant de la croissance mais il est précisé par :

* La division du travail

* L’espace économique, le marché

* La liberté économique

2. David Ricardo : sa conception générale de la croissance économique et sa théorie des changements

* Une conception générale de la croissance économique

* La théorie des changements

* Le caractère inéluctable des changements

* Le capital ne peut être surabondant

3. Thomas Robert Malthus : la nécessité d’une demande effective

è La demande effective est nécessaire pour la poursuite du progrès économique mais Malthus retient en plus quatre stimulants agissant si la demande effective n’est pas bloquée

* L’accroissement de la population

* L’épargne et l’accumulation

* La fertilité du sol

* Les inventios

III. L’ÉVOLUTION A LONG TERME DES ÉCONOMIES

1. Adam Smith : les incidences de la croissance

* L’évolution des prix

* Les profits du capital

* Les lois de la rente

* Les tendances fondamentales du salaire

* Analyse de la situation concrète des groupes

2. Dynamique ricardienne de la répartition

* Facteurs de variation de longue période

* Les problèmes de l’analyse du mécanisme ricardien de la répartition

* La tendance à la hausse de la rente

* Les tendances complexes des salaires

*La variation des profits

3. Malthus : croissance de la richesse et croissance du bonheur

* Les décalages entre la croissance de la richesse et la croissance du bonheur

* Les antagonismes entre les groupes

* La politique économique de Malthus

 

CONCLUSION

Bibliographie

Annexes : tableaux récapitulatifs

 

A. Smith, D. Ricardo et T.R. Malthus sont trois économistes anglais et pour bien comprendre dans quel cadre ils évoluent, il est nécessaire, avant de commencer l’explication de la croissance dans leur théorie respective, de comprendre la situation particulière de la Grande-Bretagne à l’époque. Au XIIIème siècle, A. Smith appartient à une Grande-Bretagne qui connaît une situation géographique avantageuse car elle favorise le commerce et qui est moins troublée par les guerres et par l’instabilité politique que ne l’est le continent. De plus, les obstacles mis par les réglementations étatiques à la naissance du nouveau système économique sont moins grands que sur le continent. Enfin, il existe une classe sociale capable d’investir et d’innover. Il est maintenant nécessaire de préciser quelle est la situation de l’Angleterre au début du XIXème siècle pour comprendre Ricardo et Malthus. La date à laquelle ces deux auteurs écrivent leurs principes ou leur traité coïncide avec le triomphe de l’Angleterre à la fois de Napoléon et de l’Europe continentale. En même temps, les anglais ont développé le machinisme, le progrès technique. L’industrie est prodigieusement active, le milieu agricole connaît un progrès extrêmement rapide, les villes anglaises se multiplient...

Maintenant que nous avons présenté brièvement l’environnement de ces trois économistes, nous allons pouvoir les présenter plus en détail dans la première partie, expliquer quelles sont leur théories respective des stimulants de la croissance et pour finir comment ils envisagent l’évolution à long terme des économies. Afin de faire ressortir les idées de ces trois auteurs sur la croissance, je me suis appuyée principalement sur le livre de Robert Goetz-Girey (cf bibliographie) ; j’ai d’ailleurs regroupé toutes les remarques concernants chaque auteur dans des tableaux récapitulatifs (annexes) qui permettent de comparer plus facilement les trois économistes qui nous intéressent dans ce dossier.

 

I. Présentation des trois auteurs

1. Adam Smith (1723-1790) : un père de l’économie politique

Adam Smith est né en Ecosse dans la petite ville de Kirkaldy. Élève doué, il entre à quatorze ans à l’université de Glasgow où il suit les enseignements du maître de la philosophie écossaise Hutcheson (1694-1746). Puis, de dix-sept à vingt-trois ans, il devient élève du Balliol College à Oxford. Il prend alors connaissance des institutions politiques et économiques anglaises.

* Une vie consacrée à la théorie :

- A. Smith est marqué par la philosophie écossaise : Il s’imprègne des principes de cette école pour laquelle l’homme est guidé par deux grandes familles de force, les instincts égoïstes et les instincts altruistes. A dix-sept ans, il rejoint l’université d’Oxford pour laquelle il obtient une bourse ; durant six années, il étudie la littérature et la philosophie. Il découvre Hume (1711-1776) avec lequel il se lie d’amitié.

A. Smith retourne en Écosse en août 1746, et s’installe d’abord à Édimbourg. En 1751, A Smith obtient la chaire de logique à l’université de Glasgow, puis à trente ans il est transféré à la chaire de philosophie morale qu’il conservera pendant douze années. En 1759, A. Smith publie La Théorie des sentiments moraux. Dans cet ouvrage, il s’interroge sur le fait qu’un même individu puisse, dans certaines situations, manifester des comportements égoïstes où prime l’intérêt personnel alors que, dans d’autres situations, il se révèle agir sous " le regard d’un spectateur impartial " conformément à une morale inspirée par la communauté. L’influence de Hutcheson est très sensible. A. Smith en tire l’idée personnelle qu’il faut établir une distinction entre l’économique et la morale. L’égoïsme domine la sphère économique tandis que la vie sociale est conduite par " les sentiments moraux ". Ce livre lui confère une grande notoriété ; mais surtout, cette réflexion philosophique préfigure son approche individualiste de l’économie de marché.

- De la philosophie à l’économie : l’œuvre de A. Smith ayant séduit le chancelier de l’échiquier Charles Townsend, celui-ci le fait nommer précepteur du jeune duc de Buccleugh . Cela va permettre à A. Smith d’accompagner ce jeune homme durant un voyage de formation de quatre ans (1763-1766) qui lui fait parcourir l’Europe. Smith est alors introduit par Hume parmi les encyclopédistes français. Il découvre d’Alembert et son souci de savoir total et ordonné ; il se perfectionne dans l’analyse de l’individualisme méthodologique au contact d’Helvetius qui systématise le rôle de l’égoïsme dans les comportements humains. Mais il rencontre aussi Quesnay et Turgot qui l’initient à l’économie politique tandis que lui-même fait alors figure de maître en philosophie. Les physiocrates l’inspirent par leur éloge de marché sans intervention publique ; il admire leur construction théorique rigoureuse. Il affirmera lui aussi que c’est au moyen du " laisser-faire " et du " laissez-passer " que l’on obtient une économie prospère...Mais il ne les suivra pas dans leur idée que " seule la terre est productive ".

è Quand A. Smith revient en Écosse en 1766, il dispose des matériaux nécessaires pour créer l’économie politique moderne. Pendant dix ans, il va élaborer un ouvrage à la fois synthétique et original qui paraît en 1776 et qui s’intitule Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations.

 

 

 

* La pensée d’Adam Smith :

- De l’égoïsme individuel à l’harmonie collective : A. Smith théorise l’efficacité du marché qui permet d’aboutir par l’échange à la satisfaction des besoins de tous. Poussé par le seul aiguillon de l’intérêt personnel, chacun cherche à satisfaire au mieux les autres pour en tirer un bénéfice. L’harmonie règne dans la société de A. Smith où le riche comme le pauvre sont nécessaires à l’équilibre économique. La main invisible de la concurrence, quant à elle, assure la société que ce qui est produit correspond aux besoins de ses membres, et ce dans les quantités désirées. Le marché a aussi une fonction de régulation. Grâce au prix, il ajuste les quantités offertes et les quantités demandées.

- La division du travail, source d’efficacité et de croissance : pour A. Smith, la richesse des nations résulte largement de la division du travail de plus en plus poussée. Plus une nation est riche, plus elle spécialise les talents de ses membres et obtient une productivité supérieure.

- Une théorie de la valeur à trois dimensions : trois conceptions de la valeur se retrouvent dans l’œuvre d’A. Smith qui insiste sur le travail passé, le travail commandé et le rôle de la demande à court terme.

- Le prix du travail : pour Smith, ce n’est que dans " l’état grossier " que le salarié dispose de la totalité du produit qu’il réalise. Dès que l’on est dans une société moderne, il doit accepter de n’obtenir qu’une fraction de ce qu’il produit, le reste servant à payer le fermage à celui qui possède la terre et le profit au capitaliste.

- Vive le libre-échange : au libéralisme et à l’harmonie nationale est ajoutée aussi une vue équilibrée de l’échange international, source de bénéfices pour tous.

- L’État à sa place : la conséquence logique de la foi dans le marché est le refus de l’interventionnisme public. Les devoirs de l’État sont ceux de défense nationale, de protection et de développement de biens publics.

 

2. David Ricardo (1772-1823) : le logicien de l’économie classique

David Ricardo est né à Londres le 19 avril 1772. Il vit dans ne famille d’immigrants juifs sépharades portugais. Son père, Abraham Israël Ricardo est un courtier en valeurs et marchandises qui l’initie très tôt à l’économie pratique.

* Un théoricien spéculatif doublé d’un gestionnaire avisé : à quatorze ans, il travaille déjà à la bourse de Londres sous la direction de son père qui le forme aux affaires et au maniement de l’argent. Cela ne lui laisse guère de temps pur acquérir une formation universitaire. L’école de Ricardo est ouverte sur le monde des affaires. Parfaitement intégré à la société anglaise, il se marie avec une protestante et adopte la religion anglicane, ce qui le conduit à rompre avec sa famille attachée aux traditions hébraïques. Cette rupture contribue à sa formation économique car il doit alors s’établir à son compte et faire fortune par son aptitude à mener des opérations boursières. A vingt-cinq ans, il a assez d’argent pour se retirer des affaires ; mais il faut attendre 1809 pour qu’il utilise ses rentes à passer de la pratique aux problèmes théoriques de l’économie politique. Paradoxalement, l’esprit pratique de Ricardo va engendrer l’œuvre la plus formelle de l’école classique. A trente-sept ans, il expose sous une forme brève et limpide la théorie quantitative de la monnaie. En cette période caractérisée par le développement accéléré des échanges, le réglage de l’émission monétaire est en effet, avec la déréglementation des marchés, le sujet principal de préoccupation des économistes. En 1810, il rédige un Essai sur les hauts prix du lingot, puis, en 1811, une Réponse à M. Bosanquet qui confirme son intérêt pour la monnaie.

Il faut attendre 1815 et la parution de son Essai sur l’influence du bas prix du blé sur les profits pour que l’on constate que Ricardo a étendu sa réflexion économique à la plupart des grands problèmes du capitalisme anglais. En 1817, Ricardo va enfin écrire et publier son chef-d’œuvre d’analyse économique : Principes de l’économie politique et de l’impôt. Ce texte est fondamental car il constitue une vision d’ensemble de l’économie industrielle anglaise de son époque. Il développe une théorie originale de la rente et des échanges internationaux. Il prend parti pour la valeur travail. Et surtout, il utilise la méthode déductive et la formalisation des relations économiques.

* La pensée de Ricardo :

- un théoricien de la valeur travail : Ricardo comme A. Smith s’intéresse à la valeur des objets ; il distingue aussi les deux faces de la valeur d’une marchandise, la valeur d’usage et la valeur d’échange. Mais il développe une analyse de la valeur travail qui plaira à Marx et va remettre en cause celle de A. Smith sur des points essentiels.

- L’insuffisance de la loi de l’offre et de la demande : dans certains cas particuliers, pour les biens reproductibles, la valeur subjective des biens est reconnue par Ricardo. Dans ce cas, l’offre et la demande peuvent jouer leur rôle dans la détermination des prix de marché. Mais pour la grande majorité des produits de l’industrie, Ricardo distingue le prix naturel, ou valeur des choses fondée sur le travail, et le prix courant qui peut osciller autour du prix naturel.

- Prix du travail et salaire de subsistance : le travail est, comme toute marchandise, mesuré par son prix de revient. Les variations de la situation du marché du travail ne peuvent pas changer le salaire de subsistance ; plus généralement, les salaires oscillent autour du prix naturel du travail. Seuls les progrès de la productivité du secteur agricole déterminent à long terme le coût du travail.

- Un fondateur du raisonnement différentiel : pour la valeur, Ricardo raisonne en termes de moyennes mais l’analyse des rendements décroissants des terres mises en culture l’amène à penser de façon différentielle. C’est un apports majeurs de Ricardo à l’analyse économique qui pensait le plus souvent en moyenne. Sa théorie de la rente différentielle consiste à expliquer l’origine des prix des terres payées au propriétaire foncier lorsqu’il les donne en exploitation à autrui. Ricardo sort du raisonnement en termes de travail moyen et invente le raisonnement à la marge.

- Le théoricien clé de l’analyse du commerce international : Ricardo ne reste pas confiné dans une économie fermée, il veut aussi comprendre les échanges internationaux. Le raisonnement-clé de l’analyse libérale est que chacun recherchant son intérêt va se spécialiser de telle façon que la production et la consommation de l’ensemble soient maximales.

- Un libéral pour une fiscalité douce : Ricardo a gardé de son passage aux affaires un caractère d’économiste de l’offre. Il considère que le poids de la fiscalité ne doit pas limiter l’offre. L’impôt ne doit pas tuer les affaires et donc...l’impôt.

3. Thomas Robert Malthus (1766-1834)

Malthus est né en 1766 à Roockery, dans le comté de Surrey. Il est marqué par l’influence de son père, avocat et gentleman-farmer. Celui-ci est disciple de Condorcet et de Godwin (1756-1836) ; J.-J. Rousseau l’a choisi comme exécuteur testamentaire.

* Pasteur, moraliste et économiste classique : Malthus étudie à l’université de Cambridge. Après sept années passées au Jesus College de Cambridge, en 1796, il devient pasteur anglican d’un petit bourg. Il tente d’appliquer les idées généreuses de Godwin. Celui-ci est un rationaliste du XVIIIè siècle qui croit à un progrès sans limites. Homme d’église, Malthus est chargé de l’aide aux pauvres dans sa commune ; les mauvaises récoltes de 1794 à 1800 engendrent misère et détresse, et frappent son imagination. Il écrit, en 1796, un opuscule La crise qui prend position en faveur de la justice sociale et propose de développer le système d’assistance publique aux pauvres. L’économie et la société constituent son terrain de réflexion principal. Il sera nommé professeur d’histoire moderne et d’économie politique en 1805 au College fondé par la Compagnie des Indes orientales à Hailebury. Mais le précoce disciple de Godwin va se révolter contre son inspirateur lorsqu’il lit La justice politique (1793). Dans cet ouvrage non exempt de véritable divagation, Godwin décrit une société où une population croissante va connaître la prospérité et la justice. Le divorce entre les idées utopistes de Godwin et la réalité brutale qu’il observe, conduit Malthus à changer radicalement d’analyse. En 1798, paraît un pamphlet : Essai sur le principe de population et comment il intéresse l’amélioration future de la société. Malthus y développe sous une plume anonyme les principaux arguments de ce qu’on appellera plus tard le malthusianisme. Il affirme que les subsistances ont tendance à croître moins vite que la population et qu’en conséquence les lois sur les pauvres et l’assistance sont condamnées à l’échec car elles favorisent la multiplication des plus pauvres. Ce n’est qu’en 1803 que l’essai est entièrement remanié par l’auteur qui dévoile son identité et défend ses idées scandaleuses pour l’époque de façon publique et polémique. Il n’hésite pas à traduire ses idées sur le plan concret et s’engage politiquement sur le sujet de la loi des pauvres. Mais Malthus ne se contente pas de réfléchir sur la relation entre population et développement. Il écrit en 1800 une réflexion sur Le Prix élevé des subsistances puis en 1814, Observations relatives aux lois des blés. Ces ouvrages situent clairement Malthus comme un des fondateurs de l’économie positive car il réunit des statistiques et tente de fonder ses analyses sur l’observation des faits ; il ne se contente pas d’illustrer ses hypothèses par des exemples. Polémiste il écrit en 1815 Fondement d’un avis sur la politique limitant l’importation du blé étranger. La rencontre Avec David Ricardo pousse Malthus à faire œuvre de théoricien. Ses talents en ce domaine vont se révéler en 1820 dans Les Principes d’économie politique considérés dans le rapport de leur application pratique. Cet ouvrage élabore une théorie de la croissance et du déséquilibre qui annonce celle de Keynes. Son combat contre la loi de J.B. Say défendue par Ricardo est un grand moment de l’histoire de la pensée économique. En 1823, il écrit La mesure de la valeur puis, en 1827, il réunit une somme de connaissances dans Définitions en économie politique.

La gloire de Malthus en tant que théoricien va souffrir de la dureté de ses positions sur les pauvres. Le talent de logicien de Ricardo éclipsera aussi celui de Malthus. Mais en 1933, Keynes, dans un essai de biographie de Malthus, réhabilite son prédécesseur.

* Les idées fondamentales de Malthus :

- La théorie de la population et du développement : l’analyse malthusienne est fondée sur l’idée des rendements décroissants de la terre. C’est une analyse à la marge. Malthus est assez pessimiste sur la possibilité d’augmenter par le progrès technique les quantités de nourriture disponibles. La restriction des naissances devient donc une condition nécessaire pour assurer aux populations une situation acceptable quant à leur niveau de vie. La quantité de nourriture disponible doit dicter à la population son rythme de progression. Il en résulte une vision déterministe et sombre de l’économie. Autre conséquence du principe de population, secourir les pauvres c’est multiplier la pauvreté. Malthus défend l’école gratuite et obligatoire car c’est pour lui le meilleur moyen de lutter contre la pauvreté.

- Malthus défend le prix élevé de subsistances car cela permet un taux de profit élevé.

- Malthus est un théoricien de déséquilibre, il combat la loi de Say et affirme que l’excès d’épargne peut engendrer des crises et un théoricien de la demande car il est un des rares économistes à affirmer que la demande stimule l’offre.

II. Les stimulants de la croissance économique :

1. Adam Smith : Le rôle du travail et celui du capital

Dans la théorie d’Adam Smith, le travail est le véritable déterminant de la croissance. Cependant, son rôle est précisé par l’adjonction de 3 autres facteurs :

* La division du travail : A. Smith est le premier à faire une théorie générale de la division du travail et surtout le premier à en faire un facteur essentiel de la croissance économique. La division du travail exerce son influence sur la croissance économique par trois voies : grâce à la division du travail, l’habileté et la dextérité des ouvriers augmentent, on obtient dans les entreprises une économie de temps et la division du travail provoque l’emploi des machines.

D’ailleurs, la division du travail explique la différence entre le progrès agricole et le progrès industriel car l’agriculture ne comporte pas une aussi grande subdivision du travail ni une séparation aussi complète des travaux que dans les manufactures ; or, de façon générale, ce sont les branches dans lesquelles la puissance de la division du travail est la plus grande que la puissance productive est la plus grande.

* L’espace économique, le marché : le marché n’a d’influence sur la croissance économique que par l’intermédiaire du travail et de la division du travail. L’étendue du marché n’est en effet un facteur de croissance que dans la mesure où elle augmente ce que Smith appelle " la force productive du travail ". L’idée est la suivante : la division du travail a pour origine une propension des hommes à faire des échanges ; ainsi, plus le marché est étendu, plus la division du travail est grande. D’où l’importance du rôle des transports pour A. Smith car ils permettent d’élargir le marché. Eu égard à l’espace économique, Smith est en quelque sorte anticolonialiste dans le sens où il condamne le statut légal qui oblige un territoire d’outre-mer à avoir un commerce exclusif avec la métropole ; cependant il soutient que la colonisation a été avantageuse dans la mesure où elle a permis l’expansion du marché, l’élargissement de l’espace.

* La liberté économique : la liberté n’est pas le facteur essentiel de la croissance car l’absence de liberté, si néfaste soit-elle, n’est pas capable d’arrêter la croissance. En fait, l’éloge de la liberté effectué par A. Smith est tel que, nécessairement, cette liberté favorisera la croissance nationale.

En ce qui concerne le capital, il semble y avoir, dans un premier temps, une contradiction dans la pensée d’Adam Smith : "  L’industrie de la société peut augmenter qu’autant que son capital augmente ". Il paraît faire dépendre la croissance économique de l’accroissement du capital et non de la multiplication du nombre de travailleurs ou de l’amélioration de la division de travail.

Or, la théorie d’Adam Smith est cohérente ; en effet, celle-ci conçoit le capital comme le fonds des salaires et dans ce cas, l’accumulation du capital induit une forte division du travail et permet de distribuer des salaires décents au point de favoriser un essor de la population. Le gonflement de la demande qui en résulte incite à une plus grande division du travail, ce qui encourage l’accumulation du capital, etc...

La contradiction disparaît et on rejoint le rôle qu’Adam Smith attribuait au travail dans la croissance économique.

è En résumé, le travail est créateur de valeur, de richesse et facteur de croissance économique mais il ne produit ses pleins effets qu’avec le concours du capital car il est alors possible de diviser le travail, d’augmenter le nombre d’ouvriers et d’employer de meilleures machines.

La puissance productive du travail est le facteur de la croissance et le capital permet d’augmenter la puissance productive du travail.

 

2. David Ricardo : sa conception générale de la croissance économique et sa

théorie des changements

 

* Une conception générale de la croissance économique : Ricardo parle parfois du progrès mais emploie souvent d’autres mots : " accroissement de la richesse nationale ", " marche naturelle de la société ", " état progressif ", " progrès naturel de la richesse et de la population ". Ricardo a le sentiment d’une croissance économique par contraste avec l’état rétrograde de la société. Il adopte dans l’ensemble, la conception de l’évolution que A. Smith avait exposé d’une façon plus précise : économie stationnaire, progressive et rétrograde. Ricardo pense, tel que Smith, être effectivement dans une économie progressive mais il ne donne ni faits, ni statistiques. Il a la notion de l’état stationnaire mais il espère que l’économie en est encore éloignée.

Certes Ricardo parle de croissance mais il ne dit pas vraiment comment cette croissance est stimulée ; il parlent de l’habileté plus grande des ouvriers, de la découverte de nouveaux marchés, de l’accroissement, de la division du travail. Mais il n’y a pas de véritable analyse des stimulants de la croissance. Ricardo insiste seulement sur deux points : l’accroissement peut se faire grâce à l’augmentation du nombre de travailleurs, l’accroissement peut se faire grâce à l’amélioration des connaissances pratiques et des machines.

Malgré sa conception générale de la croissance économique, Ricardo apporte tout de même des éléments neufs, différents de la théorie smithienne, en montrant quel est l’effet du progrès :

- pour Smith, la conséquence du progrès économique est un accroissement des richesses et un accroissement de la valeur. Pour Smith richesse et valeur sont des termes identiques ;

- pour Ricardo, l’effet du progrès économique est une hausse des richesses et une baisse de la valeur car la valeur dépend de la facilité de production, c’est-à-dire de la quantité de travail ; or quand il y a progrès économique, on augmente la facilité de production. En fait, on réduit grâce au machinisme la quantité de travail nécessaire et donc la valeur diminue. Bien plus, s’il y a augmentation de la production, il y a non seulement baisse de la valeur des marchandises produites mais aussi baisse de la valeur des marchandises existantes déjà produites. Cependant, Ricardo admet quelques nuances et admet que l’augmentation de la richesse peut coïncider avec l’augmentation de la valeur dans le cas où une part plus considérable du revenu est consacrée à l’entretien de travailleurs.

En ce qui concerne le capital, Ricardo en a une conception large : "  le capital d’un pays est cette portion de sa richesse qui est employée dans le but d’une production avenir ". Ricardo considère comme constituant du capital : les matières premières, les vêtements, les instruments et ustensiles, les matières premières nécessaire pour rendre le travail productif et les machines. La conception du capital de Ricardo va du capital technique au fond de subsistance de Smith.

L’augmentation du capital peut se faire par la baisse de la consommation ( mais pas seulement) ou par l’augmentation du revenu national. En fait, le capital augmente lorsque les productions annuelles dépassent les consommations annuelles.

Le capital joue un rôle important dans la croissance économique pour Ricardo car il y a des parallélismes entre les variations du capital national et les variations de la production : si le capital augmente, la production augmente et inversement.

è Ricardo a une conception abstraite du progrès économique car ne pouvant mesurer la croissance, il est détourné de la décrire et cela conduit à méditer sur elle en termes généraux. De ce fait, il esquisse à peine la théorie des stimulants de la croissance. On sait seulement que lorsque le capital augmente, la production augmente et que le capital national peut s’accroître soit par un accroissement du revenu soit par une baisse de la consommation.

 

* La théorie des changements : la conception ricardienne d’un aspect de la croissance économique, le changement, est extrêmement optimiste.

- Les transferts de capitaux : Ricardo part de l’hypothèse qu’un transfert de capital d’un emploi à un autre est source de changement économique.

Remarque : Ricardo n’a pas une conception organique de la croissance ; pour lui, on n’a pas le droit de comparer la croissance et le déclin du corps humain à la croissance et au déclin des nations, car la tendance naturelle des nations est de continuer pendant des siècles, à maintenir leur richesse et leur population dans le même état de prospérité. Ricardo a la conviction qu’une nation parvenue à un certain état de prospérité peut continuer à vivre dans cet état pendant des siècles, sans que la croissance ne progresse. Ceci est contraire à la conception de Smith pour lequel l’arrêt de la croissance se traduit par une baisse du bien-être.

* Le caractère inéluctable des changements : Ricardo affirme que les changements sont nécessaires. L’optimisme de Ricardo est tel que, selon lui, les changements sont plus faciles dans certains secteurs qu’on ne le soutient communément. D’ailleurs, il prend à parti les économistes qui soutiennent que dans l’agriculture, les changements sont impossibles c’est-à-dire qu’il est impossible de retirer le capital pour l’affecter à un autre emploi. Ricardo affirme qu’on peut vendre une partie du capital dans l’agriculture même si dans ce cas, il y a perte de capital mais en industrie comme en agriculture, la perte d’une partie de capital est nécessaire en période de changement économique. En effet ce qui compte, selon Ricardo, ce n’est pas le capital mais la production ; le capital n’est qu’un moyen, la production est la fin donc peu importe que le moyen soit sacrifié si on obtient la fin recherchée grâce aux changements économiques.

* Le capital ne peut être surabondant : l’optimisme de Ricardo est renforcé par sa conviction que le capital peut toujours être employé dans le pays. Il se réfère à la loi de Say selon laquelle la demande n’est limitée que par la production. Ricardo est dans ce cas en opposition avec Smith qui admettait qu’il puisse y avoir un excès de capital.

Conséquence de cette conviction de Ricardo : l’accumulation exagérée de capital ne peut provoquer une baisse des profits. La baisse des profits est une loi de la croissance mais elle est la conséquence de l’augmentation des salaires. Il n’y a jamais trop de capital pour Ricardo. Ricardo admet une exception : l’accumulation du capital peut provoquer une baisse des profits si on produit trop d’objets de première nécessité car il peut y avoir un engorgement général.

è Nous avons pu constater que la vision du changement de Ricardo est très optimiste. On pourrait même penser que le fondement de Ricardo est plus progressif que celui de Smith car il pense que le désir de jouissance est inné dans l’homme et qu’il ne peut satisfaire ce désir qu’en accroissant la production.

Cependant, la pensée de Ricardo n’est pas absolument cohérente car il semble admettre par là, la possibilité d’un progrès indéfini alors qu’à d’autres passages, il soutient qu’à la longue l’état de prospérité continuera amis n’ira pas en croissant.

 

3. Thomas-Robert Malthus : la nécessité d’une demande effective

 

Malthus centre ses développements sur la nécessité, pour la poursuite du progrès économique, d’une demande effective. Il retient quatre stimulants de la croissance économique mais pour lui, aucun d’entre eux n’est à lui seul suffisant pour expliquer la croissance économique. En effet, les stimulants ne jouent pas et ne provoquent pas nécessairement la croissance de la richesse nationale. La croissance est bloquée lorsque la demande n’augmente pas.  

* L’accroissement de la population : l’accroissement de la population est un facteur d’augmentation de la demande et par conséquent, un facteur de croissance économique. Mais il affirme qu’il est évident que l’accroissement de la population ne peut suffire pour provoquer la croissance économique, car le désir de posséder des choses n’est pas égal à la demande effective. Ce n’est pas parce qu’un plus grand nombre d’hommes désirent davantage de biens que cette multiplication de désirs entraîne la production d’un plus grand nombre de biens. En fait, pour que le travailleur demande des produits, encore faut-il que quelqu’un demande le travailleur. En conclusion, Malthus pense que l’augmentation de la population ne correspond pas à l’augmentation de la demande effective, qui dans l’esprit de Malthus est égale à une augmentation de l’emploi. On peut dire que Malthus fait de la quantité d’emploi dont une nation dispose, la source de sa richesse et de son développement.

* L’épargne et l’accumulation : Malthus admet qu’on ne peut épargner et accumuler qu’en diminuant le fond de consommation immédiate. Mais il développe son idée fondamentale : l’augmentation des produits obtenue avec un plus grand nombre d’ouvriers productifs provoque une diminution des prix, qui a pour résultat de diminuer l’épargne. L’accumulation et l’épargne ne peuvent être les seuls facteurs de la croissance économique parce que, d’une certaine façon, à partir d’un certain moment, l’épargne se détruit elle-même.

* La fertilité du sol : Malthus admet que la fertilité du sol est un facteur qui permet d’accroître la richesse nationale, mais il affirme que ce stimulant ne suffit pas. L’argumentation malthusienne est extrêmement simple ; il est possible que les ouvriers ne veuillent pas obtenir une quantité de choses plus grande que ce qui est nécessaire. Il fait intervenir la préférence pour l’oisiveté qui est plus grande, dit-il, dans l’enfance des sociétés qu’elle ne l’est aujourd’hui, mais qui n’est pas rare dans les pays avancés. L’insuffisance de la demande de denrées est due également à ce qu’il existe des habitudes enracinées chez les ouvriers qui ne peuvent pas être modifiés rapidement. Mais alors, si les besoins de choses nécessaires tirés du sol sont limités et si les ouvriers préfèrent travailler moins, il en résulte nécessairement que la fertilité du sol n’est pas un élément aussi puissant de la richesse nationale qu’on pourrait le croire.

 

 

 

* Les inventions : machines et inventions favorisent le progrès économique, mais Malthus n’a pas une foi sans limite dans les machines. Il considère que sans extension de débouchés, les machines ne sont pas utiles. L’emploi des machines est avantageux dans la mesure seulement où la baisse du prix des produits est telle que la demande augmente et que la valeur de la masse des produits est plus grande que la valeur de la masse des produits avant l’introduction des machines. L’économie de main-d’œuvre due aux machines est compensée par l’augmentation de la demande. Sinon, l’emploi diminue, à moins que le nombre de domestiques n’augmente. Pratiquement, il n’est de remède que s’il existe une extension du marché ou de la consommation.

 

è La croissance économique ne va pas de soi, elle peut être freinée. Fertilité du sol, inventions, accumulation du capital et dans une moindre mesure l’accroissement de la population jouent un rôle de stimulant ; mais encore faut-il que la demande réponde à l’accroissement de la population.

 

III. L’évolution à long terme des économies 

 

1. Adam Smith : Les incidences de la croissance

* L’évolution des prix : A. Smith oppose l’évolution des prix dans l’agriculture et dans l’industrie ; au niveau de l’agriculture, la croissance économique a pour résultat de faire hausser les prix car la plupart des produits agricoles deviennent plus chers. Par conséquent, un bas prix du blé est un indice de pauvreté des nations et si le prix du blé est élevé, cela signifie que le pays est " florissant ", en période de progrès. Par contre, dans l’industrie, les prix réels des produits manufacturés tendent à baisser quand la société connaît un état de croissance. La différence entre l’évolution des prix agricoles et industriels s’expliquent par les différences de productivité.

è Cette différence entre l’évolution des prix dans l’agriculture et des prix dans l’industrie

amène A. Smith à affirmer que l’intérêt des salariés et des propriétaires fonciers coïncide

avec l’intérêt général contrairement à l’intérêt des industriels.

 

* Les profits du capital : Chez A. Smith, le profit peut être défini comme le revenu " qu’une personne retire du capital qu’elle dirige ou qu’elle emploie ". Les profits connaissent d’une part une variation dans le temps. En effet, la hausse ou la baisse des profit dépend avant tout de la croissance ou de la décroissance de la richesse nationale. En période de croissance, les profits tendent à diminuer et inversement. Par conséquent, si un pays est à l’apogée de son économie, son taux de profit est bas. Les profits connaissent d’autre part, une variation dans l’espace car ils varient selon la nature même des emplois et selon l’état de la réglementation.

è On peut remarquer que la variation des profits est liée non pas aux variations de la masse monétaire mais aux variations de la richesse nationale, pour A. Smith.

 

 

* Les lois de la rente : chez A. Smith, deux conceptions de la rente se juxtaposent. Il conçoit la rente comme la rémunération du facteur de production des services de la terre (influence des physiocrates) mais il la conçoit aussi comme provenant de l’élévation des prix qui est le résultat de la rareté (offre des produits de la terre < demande des produits de la terre). La rente est liée dans cette optique de façon étroite à la croissance, car la croissance tend à augmenter la rente en raison de l’augmentation de la demande due à l’augmentation de la population en période de croissance.

* les tendances fondamentales du salaire : pour A. Smith, il n’y aura pas de théorie unitaire du salaire c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’explication du salaire qui soit valable pour toutes les périodes. Plus que pour la rente ou que pour les profits, l’explication du salaire est une explication dynamique fondée sur les différents phases de l’évolution :

- en état stationnaire (ni accroissement de revenus, ni accroissement des capitaux), le taux de salaire est fixé par des conventions passées entre les ouvriers et les employeurs mais leurs intérêts ne sont nullement les mêmes et l’entente est plus favorable aux employeurs car ils sont moins nombreux et peuvent s’organiser en coalition. La baisse du salaire peut donc sembler sans aucune limite mais A. Smith pense qu’il y a un taux en dessous duquel les salaires ne peuvent descendre, car le salaire doit suffire à la subsistance de l’ouvrier et à l’entretien de sa famille. En fait, en état stationnaire, les ouvriers touchent le salaire le plus bas possible. Ils touchent le salaire de subsistance défini comme permettant à l’ouvrier et à sa famille de ne pas mourir. Le taux de salaire ne peut s’élever en général au-dessus du minimum de subsistance que lorsque l’on passe en économie progressive (augmentation de la richesse nationale, des revenus, des capitaux de la nation) ;

- en économie progressive, c’est la loi de l’offre et de la demande qui joue. Par conséquent, le salaire augmente car la demande de travail augmente. En période d’expansion, le salaire peut s’élever durablement au dessus du salaire de subsistance. La loi de l’offre et de la demande s’applique aussi en phase d’économie rétrograde (phase de déclin).

- en économie rétrograde, le salaire diminue par suite de la baisse de la demande de travail. Pour finir, le salaire connaît aussi des variations cycliques c’est-à-dire des fluctuations de courte période telles que les variations saisonnières. Dans les années d’abondance, les prix sont bas, la division du travail s’accentue et donc les salaires augmentent. Dans les années de disette, les prix sont élevés, le fond d’entretien des ouvriers est plus faible, les ouvriers cherchent davantage de travail et donc les salaires chutent.

* Analyse de la situation concrète des groupes : A. Smith pense que l’expansion économique se traduit automatiquement par une amélioration du bien-être " jusque dans les dernières classes du peuple ". Il y a donc une amélioration de la condition des travailleurs avec la croissance économique. Cependant il reste prudent et il exprime même une certaine inquiétude car il sait que la situation des travailleurs de son époque est peu consolante, qu’elle est rude.

Contrairement à une majorité de ses contemporains qui soutiennent que l’augmentation du bien-être des ouvriers n’est pas nécessaire, A. Smith croit qu’il est nécessaire d’augmenter le salaire réel des ouvriers car c’est une question de justice et d’équité, car la hausse des salaires permet d’accroître la population et d’améliorer le rendement. D’ailleurs, la hausse des salaires est compensée par le développement de l’esprit d’organisation et de l’esprit d’invention.

A. Smith souligne les inégalités entre les différents groupes de travailleurs par les inégalités de salaires. A. Smith n’oublie pas la loi de l’offre et de la demande mais certaines causes telles que la réglementation et les différences de nature des emplois, empêchent la réalisation de l’égalité des salaires. En ce qui concerne les relations entre les groupes, elles sont éclairées par les relations entre le profit, l’intérêt, le salaire et la rente : profit et intérêt varient dans le même sens, rente et salaire varient dans le même sens et en sens inverse du profit et de l’intérêt.

Nous finirons par la croyance d’A. Smith selon laquelle le progrès économique est le seul moyen de promouvoir le progrès social. Sa politique tend par conséquent à augmenter les richesses, à stimuler la croissance économique. Il condamne les entraves à la liberté qui provoquent des inégalités de salaire, il condamne aussi les ententes patronales et ne croit pas à l’efficacité des ententes ouvrières, il demande que les salaires ne fassent pas l’objet d’impôts directs si la demande et le prix des denrées restent constants.

 

2. Dynamique ricardienne de la répartition

 

* Facteurs de variation de longue période : l’œuvre de Ricardo a été assimilée par certains historiens à une véritable dynamique issue de quatre facteurs constitués par le principe de l’intérêt personnel, le principe de concurrence et le respect de la propriété privée, la loi des rendements décroissants, la tendance à l’accroissement de la population. Les deux derniers facteurs sont des facteurs de variation de longue période. Cependant, la loi des rendements décroissants et la tendance à l’accroissement de la population sont retenues par Ricardo de façon sommaire et ce n’est qu’ex post que l’on peut affirmer que ce sont les deux variables de sa dynamique :

- la loi de la population : Ricardo affirme que lorsque la richesse augmente, la population augmente ou plus précisément, c’est l’augmentation du capital qui entraîne la hausse de la population, ou encore, l’augmentation des salaires s’accompagne d’une augmentation de la population. Le progrès économique s’accompagne donc nécessairement d’une augmentation de la population ;

- la loi des rendements décroissants : on ne trouve pas chez Ricardo de véritable énoncé de la loi mais seulement des formules implicites. En effet, Ricardo explique que lorsque la population augmente, il faut soit recourir à des terres inférieures et à des méthodes culturales de plus en plus coûteuse soit augmenter les apports en capital afin d’améliorer les instruments utilisés.

* Les problèmes de l’analyse du mécanisme ricardien de la répartition :

- premier problème : certains commentateurs de Ricardo pensent que ce dernier essaie de poser le problème de la répartition de la richesse nationale, d’autres pensent qu’il pose un problème de valeur. Il semble plutôt que Ricardo se propose d’étudier la répartition de la valeur dépendant des difficultés de production ;

- second problème : Ricardo étudie t-il la pseudo-répartition (détermination du salaire par tête, du taux de profit par rapport au capital, la rente d’une certaine surface de terre) ou la répartition effective (détermination de la part des salaires, des profits et des rentes dans le revenu national) dans l’analyse de la répartition du revenu nationale ?

Ricardo distingue nettement les deux optiques mais il ne suit pas toujours dans ces développements cette distinction fondamentale. En fait Ricardo mélange les problèmes de taux et de masse ce qui complique le commentaire Ricardien de la répartition.

* La tendance à la hausse de la rente : l’évolution de la rente est liée à la croissance économique. La rente augmente en fonction de la rareté des terres (application de la loi des rendements décroissants), la rente est une rente différentielle (dépend de la différence de qualité respective entre deux terres), elle est payée grâce à la hausse des prix qui accompagne le progrès de l’économie. Ricardo est si sûr de cette dernière formule qu’il refuse d’admettre toutes les autres causes qui pourraient expliquer l’augmentation de la rente. Il pense impossible que les variations du salaire affectent directement la rente et plus encore, les améliorations agricoles ne peuvent dans la longue période empêcher la hausse de la rente, elles peuvent juste freiner l’augmentation de la rente ou la faire diminuer mais seulement dans la courte période.

è Ricardo est moins favorable au propriétaire foncier que Smith car leurs intérêt sont toujours opposés à ceux des autres classes de la société car leur situation est prospère quand la nourriture est rare et chère. Cependant, les deux économistes dégagent la même loi de longue période : augmentation de la rente pour une certaine surface de terre.

* Les tendances complexes des salaires : Ricardo distingue le prix naturel et le prix courant du travail. Le prix naturel est le prix normal, celui autour duquel oscillent les prix effectifs. Le prix courant est le prix qui dévie accidentellement et passagèrement de ce prix naturel.

Le prix naturel tend à augmenter en période de croissance car le prix des subsistances tend à augmenter alors qu’au contraire le prix des denrées manufacturées tend à baisser. Le salaire courant est déterminé par la loi de l’offre et de la demande donc en période de croissance, il tend à augmenter car la demande de travail augmente. Il en résulte que le salaire effectif peut être, dans la réalité, au-dessus du salaire naturel déterminé par les subsistances. Cependant, Ricardo introduit un certain nombre de complications : le salaire naturel lui-même n’est pas invariable dans le temps et dans l’espace ; dans la longue période, le salaire courant ne peut jamais s’établir au niveau du salaire naturel.

è Les développements sont assez compliqués mais quoi qu’il en soit, Ricardo en arrive à la conclusion qu’en période de croissance économique au cours de laquelle la richesse augmente plus vite que la population, il y a une hausse nominale des salaires et une baisse réelle des salaires.

Si on compare l’évolution des salaires et l’évolution des rentes, il y a en période de croissance, une hausse nominale à la fois des rentes et des salaires : il y a donc parallélisme dans l’évolution des salaires et dans l’évolution des rentes. Par contre, il semble qu’il y ait opposition entre la hausse réelle de la rente et la baisse des salaires réels.

* La variation des profits : la notion de profit de Ricardo est extrêmement vaste. Elle comprend à la fois le revenu du capital investi, le revenu du capital prêté (intérêt) et même la rémunération du travail de direction.

Ricardo croit qu’il existe une tendance générale des profits à se fixer à un taux moyen. En définitive, Ricardo pense surtout qu’il y a une tendance générale à l’égalité des profits, tendance qui s’exprime par deux faits : il y a une échelle des profits c’est-à-dire qu’il y a toujours le même écart entre les profits de différents secteurs ; il existe des mouvements généraux des profits.

Pour Ricardo, il y a antagonisme entre les salaires et les profits et ceci pour la simple raison que le prix consiste uniquement en salaire et en profit. D’où deux propositions : tout ce qui augmente les salaires, diminue les profits ; rien ne peut modifier les profits si ce n’est la hausse des salaires.

La tendance effective des profits : la tendance générale des profits en période de croissance économique sera une tendance à la baisse parce que " le progrès de la société et de la richesse, le surcroît de subsistance nécessaire exige un travail toujours croissant ". Cette baisse des profits est arrêtée par deux phénomènes : la mécanisation et les découvertes agronomiques. De plus, le profit ne peut pas être nul car il est nécessaire qu’il y ait un certain profit sinon l’activité économique s’arrêterait. Il faut préciser qu’il n’y a pas simplement une baisse du taux des profits mais une baisse de la masse des profits c’est-à-dire de la part des profits.

 

3. T. R. Malthus : croissance de la richesse et croissance du bonheur

 

* Les décalages entre la croissance de la richesse et la croissance du bonheur : dans l’essai sur la population, le chapitre 13 est consacré à l’influence de la richesse sur le sort des pauvres. Bien plus, Malthus ne se contente pas d’étudier l’influence de la richesse, il étudie l’influence de l’accroissement de la richesse sur le sort des pauvres. Beaucoup d’économistes n’ont pas distingué les deux problèmes. A. Smith en particulier, a cru qu’il existait un parallélisme entre l’accroissement de la richesse et le progrès social. Malthus pose très bien le problème et s’il ne le résout pas, il a le mérite d’être un des premiers économistes à avoir montré qu’il existe des décalages entre l’accroissement de la richesse et le bonheur des pauvres.

Le raisonnement de Malthus est le suivant : c’est l’accroissement des subsistances qui détermine le bonheur des hommes. Or, au début du XIXè siècle, se procurer les subsistances reste le problème fondamental d’une multitude d’individus. Si la richesse d’une nation augmente grâce à l’activité manufacturière sans que la richesse dans l’agriculture n’augmente, il ne sera pas possible de nourrir un plus grand nombre d’ouvriers. Malthus reconnaît que dans le cas de l’augmentation de la richesse par l’accroissement des produits industriels, les salaires augmenteront mais si les salaires augmentent, le prix des denrées croîtra dans la même proportion et les bonheur des hommes ne sera donc pas amélioré. En bref, le bonheur des ouvriers augmente lorsque les produits s’accroissent dans l’agriculture, mais celui-ci n’augmente pas lorsque les produits connaissent une hausse uniquement dans l’industrie. Bien plus, lorsque le produit des manufactures augmente sans que le produit de l’agriculture n’augmente, la situation de l’ouvrier devient plus critique.

Certes, les manufactures peuvent sans doute, d’une certaine façon contribuer à accroître le bonheur des ouvriers mais dans l’ensemble, Malthus reste fidèle à sa thèse fondamentale et répond à deux objections :

- une partie du capital national passe dans l’agriculture grâce à l’accroissement des richesses. C’est possible, mais ce transfert de capital est lent et peu fréquent ; et un des obstacles principaux à ce passage est l’importance des impôts qui frappent l’agriculture ;

- si le produit des manufactures augmente, on achètera des subsistances à l’étranger avec le produit des manufactures pour nourrir les ouvriers. Pour Malthus, cela n’est possible que dans les petits pays car dans les autres, il existe trop d’incertitudes pour entretenir un courant régulier de denrées alimentaires qui permette aux ouvriers des manufactures d’être entretenus par des subsistances en provenance de l’étranger.

La thèse malthusienne est en définitive la suivante : l’effet de la richesse nationale croissante n’est pas la même dans tous les pays. " chez la nation qui se serait vouée à l’agriculture, le pauvre vivrait avec plus d’aisance et la population croîtrait rapidement ; chez celle qui se serait adonnée au commerce, les pauvres auraient fort peu amélioré leur sort et en conséquence, la population resterait stationnaire ou croîtrait fort lentement ".

* Les antagonismes entre les groupes : il existe une opposition entre les manufacturiers et les ouvriers. En période de croissance économique, la condition des ouvriers ne s’améliore pas ; ce sont les manufacturiers qui tirent avantage de la croissance économique car leurs profits augmentent. Mais la thèse que Malthus développe avec le plus de détails est celle qui concerne la situation des propriétaires fonciers : pour la comprendre, il faut se référer à sa théorie de la rente qui fait contraste avec la théorie de la rente de Ricardo.

Cette controverse Malthus-Ricardo éclaire les conceptions que se font les deux auteurs de la situation des propriétaire fonciers vis à vis des autres groupes sociaux. On a vu quelle était l’attitude critique de Ricardo par rapport aux propriétaires fonciers. Malthus au contraire, reste dans la lignée d’A. Smith, fils et ami de propriétaire foncier, il est beaucoup plus près de la tradition physiocratique et smithienne que Ricardo.

 

* La politique économique de Malthus : Malthus, et c’est une différence importante avec Smith, n’est pas convaincu qu’il suffise d’augmenter la richesse nationale pour augmenter le bonheur des hommes. Malthus a montré qu’il y a des décalages nécessaires entre la production de richesse et le bonheur des hommes donc logiquement, sa politique est moins axée sur la production et le productivisme que ne l’était la politique de Smith. Les trois instruments de politique économique proposés par Malthus sont les suivants :

- la division de la propriété foncière : Malthus croit possible d’augmenter le produit brut en subdivisant la terre c’est-à-dire en divisant la propriété foncière. Si au moyen-âge le produit brut était faible, c’était à cause des résultats désastreux obtenus par la grande propriété. En effet, il dit que 30 ou 40 propriétaires ayant des revenus de 1000 à 5000 livres sterling feraient naître une demande effective bien plus forte pour du pain de froment, de la bonne viande et des produits manufacturés qu’un seul propriétaire ayant 100 000 livres sterling de rente. Mais Malthus est avant tout l’économiste des proportions et de la mesure, c’est ainsi que l’excès de division serait un mal car tout est une affaire de proportion et Malthus pense que la France fait une expérience dangereuse en pratiquant le partage égal des terres entre tous les enfants de la famille ;

- le développement du commerce : Malthus insiste avec force sur l’importance de la distribution des échanges. L’échange doit élever la valeur de tout produit en permettant de céder un bien dont on a moins besoin contre un autre dont on a un plus grand besoin. Le commerce intérieur a donc pour effet d’augmenter la valeur des produits et Malthus pense que c’est un bien car la baisse de la valeur c’est-à-dire la baisse des prix entraînerait le chômage. La baisse de la valeur et la baisse des prix n’est pas un symptôme de santé économique, mais le symptôme d’une mauvaise distribution. Ce que Malthus nous dit du commerce intérieur peut être transposé au problème du commerce extérieur. Malthus est favorable au commerce intérieur et extérieur, non seulement parce que le commerce permet d’accroître les quantités mais encore parce que le commerce permet d’accroître la valeur échangeable des produits ;

- l’entretien de " travailleurs improductifs " : une troisième cause fondamentale de l’augmentation de valeur, c’est l’emploi d’un certain nombre d’individus engagés dans les services personnels ou l’entretien d’un nombre convenable de consommateurs qui ne produisent pas directement les choses matérielles. En d'autres termes, il faut des consommateurs qui ne sont pas en même temps des producteurs. Malthus pense à une fraction privilégiée de la Nation qui " dispose de loisir ". Si Malthus veut qu’il y ait des consommateurs improductifs, c’est avant tout parce qu’il croit que les autres classes ne peuvent pas assez consommer. On retrouve le problème de la demande effective : s’il faut entretenir des travailleurs improductifs, c’est parce qu’il faut qu’il y ait, dans la Nation, des individus qui consomment. Les autres classes sont dans l’impossibilité d’accroître à elles seules la consommation par un accroissement de la demande effective. Elles sont impuissantes à consommer. Cependant Malthus n’entend pas développer sans limite le nombre des ouvriers improductifs dans la Nation par rapport aux ouvriers productifs, aux propriétaires fonciers et aux capitalistes. Ce qu’il veut c’est que leur nombre soit en relation convenable avec les " facultés productives ".

Adam Smith est bien un théoricien de la croissance car il raisonne constamment en termes de progrès, d’accroissement. Lorsqu’il parle de prospérité et de déclin, il ne pense pas aux fluctuations de courte ou de moyenne période mais il pense en termes de longue période. En fait, on trouve déjà chez Adam Smith l’esquisse d’une théorie des stimulants de la croissance. D’ailleurs, il échappe aux reproche qui a été fait à ses successeurs d’avoir étudié les mécanismes économiques sans se soucier de leurs répercussions sur les conditions d’existence. En même temps que l’économiste de la croissance économique, il est l’économiste " social " qui dans la dynamique de longue période, se soucie des répercussions du progrès économique sur les conditions d’existence. David Ricardo quand à lui, est optimiste par sa conception du progrès, par sa théorie des changements. Cependant il n’éclaire que faiblement les problèmes de la liaison entre la croissance économique et le progrès social ; il apporte moins d’idées qu’Adam Smith sur le processus de la croissance économique lui-même. Son contemporain Thomas-Robert Malthus a été plus vigoureux et plus clairvoyant. En effet, comme Adam Smith, il essaie de décrire les stimulants de la croissance économique mais il est plus systématique qu’A. Smith car il possède un fil conducteur, le principe de la population. Les traits les plus originaux sont d’avoir mis l’accent sur la demande effective dans l’analyse de la croissance d’une part. Malthus a très bien vu que la croissance ne peut être continue sans qu’il y ait un accroissement de la demande ; il a aussi souligné et cela est plus fondamental encore, que cet accroissement de la demande n’est pas spontané. D’autre part, Malthus a posé très nettement le problème des rapports entre la croissance économique et la croissance du bonheur des hommes.

 

 

 

 

 

 

BILBIOGRAPHIE :

- Histoire des pensées économiques, les fondateurs

Collection synthése+, Edition Sirey

- Croissance et progrès à l’origine des société industrielles

Robert Goetz-Girey, Edition Montchrestien

- Les théories de la croissance, Jean Arrous

Collection points, Edition Du Seuil

- Histoires des idées économiques, tome 1 de Platon à Marx

J. Boncoeur et H. Thouément, Collection Circa, Edition Nathan


Annexes

Tableaux récapitulatifs

 

Facteurs

de la

Croissance

A. SMITH

D. RICARDO

 

T.R. MALTHUS

Industrie

- travail (division du travail, espace économique,

liberté économique)

- le capital permet d’accroître la puissance productive du travail

- habileté plus grande des ouvriers

- découverte de nouveaux marchés

- division du travail

- augmentation du nombre de travailleurs

- quantité d’emplois

- les inventions

Agriculture

- travail : mais la division du travail ne peut pas être aussi importante que dans l’industrie

- amélioration des con- naissances pratiques et des machines

- accumulation du

capital  +

transfert de capital

- quantité d’emplois

- fertilité du sol

- invention

Population

La croissance de la population permet d’accroître la demande qui incite à une plus grande division du travail et encourage l’accumulation du capital.

- accroissement de la population si elle accroît la demande effective

- épargne et accumulation

Particularité de

chaque auteur

 

Chez Smith, le travail est le véritable facteur de la croissance et ne produit son plein effet qu’avec le concours du capital.

La théorie des stimulants de la croissance est à peine esquissée mais Ricardo considère que le capital joue un rôle important dans la croissance économique.

La croissance économique ne va pas de soi, elle peut être freinée si la demande ne répond pas à l’augmentation de la production encouragée par ses facteurs.


Incidence

de la

croissance

A. SMITH

D. RICARDO

T.R. MALTHUS

Prix

- augmentation des prix dans l’agriculture

- diminution des prix dans l’industrie

Profit

- tendance à la baisse

- varie selon la nature des emplois et de la réglementation

- tendance générale à se fixer à un taux moyen

- tendance à la baisse en période de croissance

- croissance du profit des manufacturiers

 

 

 

Rente

La rente augmente en raison de l’augmentation de la demande liée à l’accroissement de la population.

Augmentation (nominale et réelle) pour une certaine surface de terre

Salaire

- état stationnaire : diminution du salaire

- état progressif : augmentation du salaire

- état rétrograde : diminution du salaire

+ variations cycliques, saisonnières

Quand la richesse augmente moins vite que la population :

- augmentation nominale des salaires

- diminution réelle des salaires

 

 

 

Population

Son augmentation semble normale

Pour A. Smith en période de croissance économique.

Augmentation de la population

du fait de l’augmentation du capital.

 

- Dans une nation qui s’est vouée à l’agriculture, la population croît rapidement

- Dans une nation qui s’est adonnée au commerce, la population reste stationnaire

Croissance économique et croissance du bonheur des hommes

A. Smith croît que le progrès économique est le seul moyen de promouvoir le progrès social.

Ricardo n’éclaire que faiblement les problèmes de la liaison entre la croissance économique et le progrès social.

Malthus n’a pas de véritable théorie générale de la répartition, il se concentre surtout sur l’analyse des décalages entre la croissance de la richesse et la croissance du bonheur des hommes.

Mesures de politique

Pour A. Smith, le progrès économique constitue le seul moyen de promouvoir le progrès social :

- il condamne les entraves à la liberté,

- il condamne les ententes patronales,

- il recommande la modération des impôts sur les salaires.

Pour améliorer la condition des travailleurs, D. Ricardo recommande :

- d’accumuler plus rapidement le capital,

- de réduire le nombre de naissances.

La politique de Malthus est moins axée sur la production en raison des décalages cités ci-dessus. Il recommande :

- la division de la propriété foncière,

- le développement du commerce,

- l’entretien de travailleurs " improductifs ".